PAR : S. Threndyle

Avant d’être cotées en bourse, les stations de ski étaient des entreprises locales. Souvent, une « seule personne » finissait par se taper la majorité du travail. À Fernie Alpine Resort, cette personne s’appelait Heiko Socher.

Socher, fils d’ingénieur, a grandi en Allemagne de l’Est à l’époque de la deuxième guerre mondiale. Pour échapper au chaos d’après-guerre, sa sœur aînée a immigré au Canada avant de le parrainer. Après une courte halte à Montréal, Socher a mis le cap sur l’Ouest afin d’étudier en foresterie à l’Université de la Colombie-Britannique et de se rapprocher des montagnes. Socher avait déjà skié à l’occasion avant de venir au Canada, mais a commencé à s’adonner au sport pour de bon après avoir trouvé un emploi à Fernie, une petite collectivité axée sur les ressources dans l’Est de la Colombie-Britannique. La propriété de la station de ski locale a été divisée entre de nombreux actionnaires et, même si l’économie était relativement solide, l’entreprise perdait des sous. Socher y a alors vu une occasion d’affaires. Il a vite acquis 30 % des actions de l’entreprise, puis en est devenu le directeur général. Grâce à ses connaissances en foresterie, il a fait de l’argent en vendant des arbres qu’il coupait sur la montagne de ski au moyen de bouteurs et de pelles rétrocaveuses. « Nous avons été en mesure de créer des sentiers, pistes et chemins de bonne qualité, a-t-il affirmé. Il n’y avait pas l’ombre d’une souche. Nous pouvions skier sur un pouce de neige. »

Socher a fait le tour de l’Ouest canadien pour attirer les skieurs à Snow Valley, où l’on trouve à coup sûr 900 centimètres de neige en moyenne. Parmi les premiers clients, on comptait bon nombre d’agriculteurs de l’Alberta et de la Saskatchewan.

« Ils avaient de l’argent et prenaient congé l’hiver dans de nombreux cas, a-t-il indiqué. Ils se rendaient à la montagne en voiture; les clients étaient exclusivement des environs. »

Pendant que Socher s’affairait à la conception du pavillon principal en bois rond, sa femme, Linda, dirigeait l’école et la boutique de ski. D’autres sentiers et pistes ont été construits et des télésièges ont été ajoutés. Socher a réinvesti les bénéfices dans la montagne étant donné que les skieurs ont commencé à exiger des pistes mieux damées, des télésièges plus rapides et une expérience plus raffinée. Bon nombre de ses plans d’agrandissement ont été réalisés depuis la vente de Fernie à Resorts of the Canadian Rockies en 1997.

Socher, qui a pris sa retraite à la fin des années 1990, passe maintenant ses étés à entretenir le sentier Mountain Lake de 25 kilomètres, un parcours épique au décor alpin qui traverse l’habitat des grizzlys pour s’arrêter à l’Island Lake Lodge de renommée internationale. Il a non seulement créé le sentier, mais y a aussi sculpté avec amour des garde-fous dans ses sections les plus abruptes, en plus de fabriquer les pancartes et les repères à la main. Il participe aussi à la préservation historique du centre-ville de Fernie.

La « seule personne » de Fernie est toujours bien active!