Une dénivellation de 1 300 mètres fait de cette montagne une expérience plutôt terrifiante pour des jambes de 4 ans. Assis au Black Diamond Cafe, au pied de Kicking Horse Mountain Resort, avec ma femme Lisa et mes deux filles, Sabine et Zola, dont l’une aura bientôt 4 ans et l’autre étant à quelques mois de son septième anniversaire, je pointe la carte des pistes dépliée sur la table devant nous et retenue par quelques tasses de café brûlant.

« Vous voyez cette ligne verte qui serpente de haut en bas de la montagne? C’est là que nous allons skier », leur dis-je.

Mes filles ont l’habitude de la dénivellation de Mount Washington, notre montagne locale de 505 mètres. Elles me regardent avec une expression de confiance absolue qui ferait fondre le cœur de tout parent. Peu après, nous voilà assis dans la télécabine Eagle Express grattant le givre sur les fenêtres afin de pouvoir admirer la vue spectaculaire de la vallée Columbia sous nos pieds. Je pointe l’enclos enneigé qui abrite un Boo en hibernation, le grizzly en séjour que nous avons visité l’été précédent. Ensuite, à mesure que nous montons, nous voyons le serpent vert susmentionné, aussi connu sous le nom de « It’s A Ten », se frayer un chemin sous la file d’attente de la télécabine.

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« Il est encore là », leur fais-je savoir.

« Quoi? », me demande Zola.

« Le serpent vert », je lui réponds.

« Oh! », réplique Zola en haussant les épaules.

En un rien de temps, nous sommes au sommet de la montagne, prêts à descendre de la télécabine, sous un ciel bleu parsemé de nuages à haute altitude. Mon but était modeste : faire vivre à mes enfants une aventure du haut d’Eagle Express jusqu’au pied de la montagne. Comme n’importe quelle aventure avec des enfants, il a fallu quelques éléments de négociation. Comme première halte, nous arrêterons au Heaven’s Door Yurt Cafe pour un chocolat chaud.

Fixations en place, je tire notre cadette à l’aide d’un bâton de ski jusqu’où « It’s A Ten » commence, descendant vers le bol Crystal. Je prends la position de bloqueur en skiant derrière Sabine, alors qu’elle adopte la position de chasse-neige que de jeunes genoux malléables ne peuvent maintenir qu’un certain temps. Zola, qui a 3 ans de plus et qui est 3 fois plus rapide, prend les devants, se montrant déjà impatiente de la vitesse dictée par sa jeune sœur confiante. J’étais le cadet d’une famille de quatre enfants, donc, comme Sabine, on m’initiait tôt à tout que je le veuille ou non. Pour l’instant, tout va bien. Aucune larme. La piste s’élargit dans le bol Crystal en une large bande de neige ondulée, laissant de la place aux filles pour errer. Zola et sa mère nous attendent à l’extérieur de la yourte pour la première récompense. Sabine et moi glissons pour nous arrêter à côté d’elles quelques minutes plus tard, et nous entrons tous à l’intérieur pour un chocolat chaud, après, bien entendu, avoir dépouillé les filles de leurs vêtements de ski, qu’elles devront enfiler à nouveau sous peu. Après cette pause de ravitaillement à la yourte, il est temps de poursuivre l’aventure. De retour sur le serpent vert, Zola et Lisa prennent la tête. Sabine et moi nous joignons à un autre duo père-fille descendant à un rythme semblable.

Il y a amplement d’espace à partager, mais, c’est comme si les deux bouts de chou sont aimantés, tournant toujours l’un vers l’autre. Après quelques quasi-collisions, je demande à Sabine de laisser tomber et dépasse sa rivale en vitesse pour lui donner de l’espace. Du coup, voilà notre prochaine récompense : croquettes de poulet et patates frites.

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« J’adore skier », s’exclame Sabine en me regardant pendant que nous descendons la dépression abrupte de « Bubbly » pour nous retrouver sur la large piste ouverte « Blaster ».

Ça me réchauffe le cœur. Au moment où elle traverse la pente en chasse-neige jusqu’où « Downshift » rejoint « It’s A Ten », son humeur change soudainement comme on peut s’y attendre d’un enfant. Sabine s’écroule sur la neige et refuse de se relever. Lisa lui présente une ration de barre de céréales d’urgence.

« Il faut continuer Sabine. Tu vois le chalet tout au bas? C’est là où nous devons aller », lui dis-je de façon peu convaincante, me rendant compte que cela lui demandera beaucoup d’efforts.

Il est difficile d’imaginer à quel point cela doit paraître loin à une Sabine épuisée, après une semaine de célébrations de Noël tardives en famille. Lisa et moi skions avec Zola et encourageons Sabine dans les dernières descentes en alternance. Au moment où nous atteignons le porte-skis devant Whitetooth Grill, elle s’étend dans la neige, faisant un spectacle qui ferait passer l’envie d’une famille à tout parent potentiel.

Mais tout cela est chose du passé quelques minutes plus tard, une fois assis à la chaleur de Whitetooth Grill devant une assiette de nachos et un panier de croquettes de poulet et de patates frites. J’en déduirai donc que ce fut une aventure familiale réussie.