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Le moteur de toute station, c’est l’élan, pas la neige, ni la bonne presse, ni la capacité de chargement des remonte-pentes, ni même l’après-ski, mais la force qui fait de la prise d’un virage la sensation la plus euphorique que le corps puisse rechercher. La tendance qui amène les gens des petits villages modestes et des villes congestionnées à débarquer au pied d’un village de ski canadien pour prendre une bouffée des attentes à venir. L’énergie invisible qui donne toute son essence à la station, plus que ses meilleures pistes et ses amateurs les plus talentueux, sa bonne réputation et ses statistiques.

Cette poignée de personnes méconnues et incontestablement fantastiques ne représentent que quelques-uns d’entre nous qui ont insisté, de par leur passion et leur énergie positive, que les montagnes soient un endroit auquel ils peuvent contribuer de façon significative – jusqu’aux genoux, jusqu’aux coudes, au cœur de l’action. Leurs actions nous donnent tous la permission de façonner nos journées, avec neige, entrain et une bonne dose d’euphorie.

Tout est calme à midi ce jeudi au chalet Eagle Bump sur le mont Kicking Horse, où Lisa Roddick assure la sécurité en montagne et est disponible pour guider tout groupe qui pourrait vouloir se lancer sur la via ferrata.

Patrouilleuse de pentes de ski depuis son arrivée à Kicking Horse il y a sept ans, Roddick est heureuse de passer son été à prendre les rênes en tant que guide de la via ferrata; elle tente de minimiser son temps dans le parc à vélos de Kicking Horse. « Ce que je préfère en été, c’est le kayak en eau vive, et je tente de réserver mon corps pour cette activité. »

Ce corps compte 33 saisons d’aventures à son actif, notamment une décennie à titre de guide de descente en rivière et de rafting. Après l’école, elle a envisagé d’étudier le théâtre, mais a plutôt opté pour un diplôme collégial de deux ans en aventure en plein air.

« Je donne encore des spectacles chaque jour, dit-elle en affirmant que les deux parcours ne sont pas très différents l’un de l’autre. C’est facile de se mettre dans la peau d’un guide super heureux quand les clients, à leur arrivée, se croient à l’endroit le plus beau au monde et sur le point de faire la chose la plus épique de leur vie. C’est assez contagieux. »

L’hiver dernier, son extroversion contagieuse (« J’aime vraiment le plaisir bien organisé ») l’a amenée à accepter le rôle de coanimatrice de la soirée de jeu-questionnaire général, avec un collègue patrouilleur, au bar du coin, poursuivant la tradition du mardi soir instaurée par les « Kiwis » qui l’organisaient l’année précédente. « C’est devenu très populaire, indique Roddick. Toutes les places sont occupées. Et les participants prennent le jeu très au sérieux. Il y a une note de bar de 50 $ en jeu. » Elle ne peut décider ce qui est le plus divertissant : animer ou faire partie d’une équipe en convoitant cette bière bien méritée.

« Oh! Elle est compétitive, déclare Mike Rubenstein, directeur régional de Kicking Horse Mountain Resort. Et elle a vraiment sauté sur l’occasion d’exceller dans le programme de sécurité en montagne. » Depuis que Roddick s’est jointe à l’équipe en tant que patrouilleuse débutante, il y a sept ans, elle a obtenu son certificat en dynamitage, a fait partie de l’équipe de recherche et de sauvetage, a aidé à installer la via ferrata et a suivi son cours de niveau 2 de la Canadian Avalanche Association. « Elle est maintenant l’une de nos patrouilleuses principales. »

Pour Roddick, la compétition et le divertissement vont main dans la main. En 2014, les priorités de Roddick sont devenues évidentes quand elle, sa collègue patrouilleuse Jamie Vandrusen et une autre de ses amies se sont inscrites au triathlon Bigfork Whitewater combinant planche à rame, vélo et course. C’est la première partie du triathlon, soit les 6,4 km de planche à rame, qui lui est revenue, avec la première moitié en amont et la deuxième en aval.

« Nous étions en retard, se rappelle Vandrusen. Nous sommes arrivées au moment même où l’on demandait aux autres participants de se préparer et d’y aller. » Les femmes se sont démenées pour descendre la planche de Roddick du toit de leur véhicule et la mettre à l’eau. « Elle commence à ramer pour rattraper le reste des participants, puis les dépasse progressivement, comme elle sait si bien le faire. Elle s’arrête ensuite en chemin pour aider quelques personnes qui ont vraiment de la difficulté. »

Une femme avait de la difficulté avec son arrêt contre-courant et était sur le point de tout abandonner. Roddick a interrompu sa course pour lui offrir un peu de coaching technique.

« Elle aide tout le monde, ajoute Vandrusen. Elle est la plus grande militante pour la communauté de la planche à rame que je connaisse. Elle est toujours prête à amener les débutants sur la rivière Kicking Horse ou à donner des cours, à prêter de l’équipement et à organiser la navette. Je crois que beaucoup de gens pourraient dire qu’elle les a aidés à lancer leur carrière en kayak. »

Malgré tout, leur équipe a terminé au premier rang. « Je pense que c’était parce que nous étions les seules dans la catégorie des “3 femmes de plus de 30 ans” », plaisante Vandrusen, minimisant tout sentiment de réalisation. Ce n’était qu’une autre aventure.

Les aventures en plein air ne représentent qu’un aspect de ce que Roddick adore à propos de Golden. « La collectivité est incroyable, s’exclame-t-elle. Pour beaucoup de gens dans cette ville, ce qui compte, c’est le degré de satisfaction à l’égard de leur mode de vie, et non le degré de satisfaction à l’égard de leur vie professionnelle. » Pour Roddick, dont l’emploi cadre avec son mode de vie, cette attitude est tout à fait logique.