S’il existe des tensions entre les stations de ski et la population locale, et soyons honnêtes, il en existe dans la plupart des endroits, elles ne sont pas dues à un manque de poudreuse et de pistes fraîches.

Certains rêvent de vivre au pied d’une station de ski, et il y a les quelques chanceux qui y sont. Il est difficile de les plaindre lorsque leur trajet du matin ressemble à l’intro d’un film de ski, mais la réalité de la vie dans un village touristique n’est pas toujours un conte de fées.

Tout comme dans le reste du monde, les endroits touristiques sont confrontés à une pénurie de travailleurs, à une crise du logement et à un coût de la vie élevé. Ces problèmes sont accentués dans les stations de ski. La croissance incontrôlée du nombre de visiteurs, les fluctuations de population et le fait de devoir faire face à de nouveaux défis peuvent donner à la population locale le sentiment d’être laissée pour compte. Dans les moments difficiles, la perception locale peut être que la station de ski ne fait pas sa part pour s’adapter ou tenir compte des problèmes de la collectivité.

Avant d’être un village de ski, Revelstoke, en Colombie-Britannique, a été une ville ferroviaire, une ville forestière et le site de deux grands projets de barrages hydrauliques. Le Revelstoke Mountain Resort (RMR) (en anglais seulement)  a vu le jour au sein d’une collectivité bien établie. Le luxe d’un centre de villégiature de classe mondiale concurrentiel avec des industries de longue date crée un sentiment d’authenticité inimitable. L’économie locale n’a jamais été entièrement tributaire de la station de ski, et la population le reflète.

Les stations de ski offrent de nombreux avantages aux régions avoisinantes : stabilité de l’industrie, diversité économique accrue, possibilités d’emploi, croissance démographique, financement provincial et loisirs de classe mondiale. D’un autre côté, lorsque vous considérez les répercussions d’une industrie basée sur les ressources, les avantages offerts sont sans intérêt pratique si les répercussions sur le milieu environnant surviennent sans attention ni considération envers les personnes qui vivent dans cet environnement et en dépendent. Le tourisme peut être perçu comme la même industrie; plus de touristes signifie des avantages économiques en plein essor, mais cela a un coût pour la population locale.

S’il est facile pour les touristes de trouver et de vivre une incroyable occasion de loisirs, il est tout aussi facile pour la population locale de considérer le tourisme comme un inconvénient. Parmi les plus grands défis auxquels les stations de ski font face relativement aux relations avec la population locale, notons le sentiment des résidents que le tourisme les amène à quitter leur chez-soi ou le rend inabordable.

Robyn Goldsmith, directrice, destination et durabilité chez Tourism Revelstoke, affirme qu’en tant qu’OMD, elle représente les intérêts de ses parties prenantes. Face aux problèmes persistants causés par une fréquentation et une croissance effrénées des stations de ski, de nombreuses entreprises ne veulent pas davantage de visiteurs – elles veulent des visiteurs qui reflètent les valeurs de la communauté.

Une étude de Destination Canada sur les principales tendances qui façonnent l’avenir de l’industrie touristique canadienne après la pandémie révèle que les tendances du marché comme le voyage éthique et l’ascendant des collectivités ont un nouveau caractère d’urgence. L’étude constate que la pandémie de COVID-19 a accéléré le besoin d’un alignement plus étendu avec les résidents. Les besoins d’une industrie, des municipalités et d’un alignement des gouvernements plus prononcés sont une priorité afin de façonner l’avenir du tourisme. De nombreux villages touristiques en montagne souhaitent être considérés comme une communauté en premier lieuet une destination en deuxième lieu. L’existence de l’industrie du tourisme de villégiature dépend d’une acceptabilité sociale. Robyn Goldsmith explique que « Si nous arrivons à un point où nous avons trop de touristes et où nous avons des visiteurs abusifs, nous perdrons cette acceptabilité sociale, et alors l’expérience des visiteurs et des habitants de la ville se détériorera ».

Les centres de villégiature ont un effet considérable sur leurs régions, ce qui nécessite une plus grande proactivité et une intervention dans les espaces publics pour défendre les intérêts locaux. Robyn Goldsmith ajoute que « les locaux doivent considérer le centre de villégiature et les personnes qui y travaillent, en particulier celles qui occupent des postes supérieurs, comme des gens de la place à part entière.

Peter Nielsen, vice-président du Revelstoke Mountain Resort, affirme que la communication est la clé d’une relation fructueuse. Il est essentiel d’exposer les objectifs du centre de villégiature, de communiquer les plans et de souligner les réussites pour faire comprendre ce qu’il représente. Il ajoute qu’une présence active est également essentielle.

L’une des stratégies mises en œuvre par RMR pour répondre à ce besoin consiste à organiser des journées de ski pour les résidents. « Il s’agit d’abord de remercier la population locale, nous voulons que les non-détenteurs de passe de RMR aient la possibilité d’utiliser le centre de villégiature à un coût très abordable », explique M. Nielsen. « Puis du côté du centre de villégiature, c’est une invitation à ceux qui ont peut-être abandonné le sport à revenir et à retrouver une passion. »