Même si la Canadienne Jenn Heil a couronné sa carrière légendaire d’une médaille d’argent aux Jeux de Vancouver en 2010, nous avons commencé à nous demander pourquoi l’Association canadienne de ski acrobatique (ACSA) ne comprenait que 25 % de membres féminins et pourquoi ceux-ci abandonnaient dans une proportion alarmante vers l’âge de 12 ans.

Des recherches menées en 2011 par l’Université de l’Alberta ont révélé que les trois principales raisons pour cet abandon étaient plutôt évidentes, soit le manque d’amis, l’absence de modèles de rôle et le manque de confiance dans leurs habiletés en ski acrobatique.

Vicki Harber, Ph.D., a créé un atelier que nous avons présenté partout au pays dans le cadre de la tournée Girlz Education Tour en 2012 et qui fournissait des renseignements utiles aux entraîneurs, la plupart étant de sexe masculin, afin qu’ils comprennent quelques facteurs importants dans leur façon de travailler avec les femmes. Il s’agit de la diapositive qui a probablement eu l’incidence la plus importante depuis.

Les femmes doivent tout simplement se sentir acceptées, par leur entraîneur et leur groupe d’entraînement, afin de déployer les efforts nécessaires pour finalement performer. Chaque athlète féminin ou masculin est-il pareil? Non. Mais, dans l’ensemble, les recherches indiquent que, pour les filles, se sentir « sûres » socialement est incontestablement important. Pour les entraîneurs, cela signifie qu’ils doivent veiller à prévenir la formation de cliques et s’assurer que tous les athlètes reçoivent la même attention et les mêmes conseils efficaces. Certains entraîneurs doivent éviter de prêter trop d’attention aux athlètes les plus performants.

En janvier 2016, Julie Steggall, directrice du développement des athlètes de haute performance de l’ACSA, a réuni un petit groupe puissant d’une douzaine de filles de partout au Canada qui sont considérées comme de bons prospects pour le tout premier camp de filles de développement d’athlètes de haute performance de l’équipe canadienne de slopestyle.

Les skieuses olympiques Dara Howell, Yuki Tsubota et Kim Lamarre étaient sur place pour servir de modèles de rôle, et Lamarre a consacré beaucoup de temps et d’énergie à répéter continuellement que « nous devons nous soutenir les unes les autres, car il n’est pas facile d’être une fille dans cette discipline ».

Steggall s’est exprimée très clairement quant à ses attentes et à la mission de ce camp. « Notre but consiste à créer un milieu social riche au sein d’un créneau national de slopestyle avec des objectifs techniques précis. » Steggall a également fait comprendre à ces jeunes femmes que « les athlètes féminines doivent se soutenir et se reconnaître entre elles si elles souhaitent se sentir bien dans ce qu’elles font et réussir, non seulement dans le domaine du ski, mais aussi dans la vie ». Pour de nombreuses athlètes qui luttent souvent seules afin de suivre les gars, ce fut une révolution conceptuelle de voir les athlètes d’autres régions du Canada comme des amies, et non de simples rivales.

Pat Walsh, entraîneur de l’équipe ontarienne de slopestyle, affirme que cette dernière a été en mesure d’assurer un suivi et d’unir ses athlètes féminines à d’autres filles d’autres provinces afin qu’elles puissent s’entraîner ensemble. « Nous tenons compte des facteurs sociaux, et cela influe sur la manière dont nous planifions notre programme. Il pourrait être emballant de voir les filles se réunir afin de former un groupe d’entraînement à l’année longue dans l’avenir. »

Une autre évolution clé réside dans la compréhension du « manque de confiance » entre les habiletés des athlètes féminines et la crainte dans la façon de performer ces habiletés avec lequel les entraîneurs doivent constamment composer. Le fait de comprendre que les femmes ont tendance à continuellement sous-estimer leur potentiel comparativement aux hommes est un point de départ important dans la lutte avec le côté émotif de la performance.

Jeremy Cooper, entraîneur de Winsport Next Gen Halfpipe, parle de la manière dont on en est venu à se rendre compte qu’un facteur principal menant à ce manque de confiance réside dans le fait que les femmes ont souvent tenté de maîtriser les habiletés dans des environnements inappropriés. Elles ressentent la pression de suivre leurs coéquipiers masculins, qui sont souvent plus à l’aise de s’exécuter avec des sauts plus hauts et à des vitesses supérieures. Cela a entraîné une hausse du taux de blessures chez les filles, en plus de réduire leur confiance.

« Nous veillons réellement à ce que les filles s’entraînent sur des modules de taille appropriée et maîtrisent une large gamme d’envols et de tours avant de tenter des manœuvres avec des sauts plus gros », explique Cooper. Les entraîneurs de développement d’athlètes de haute performance ont servi de voix pour s’assurer qu’au moins deux formats différents de sauts soient disponibles aux épreuves de la Coupe du Canada afin que chaque athlète puisse faire un choix sûr au bon moment.

Cooper a ajouté : « Les filles sont soumises à une grande pression pour se montrer dignes des images des championnes sportives qui sont souvent présentées sous un jour séduisant en raison de leur apparence. Je cherche essentiellement à les amener à être fières de leurs efforts acharnés et de leurs réalisations personnelles, ainsi que du bon esprit sportif qu’elles apportent sur les pentes. Voilà notre stratégie pour qu’elles acquièrent la confiance et la compétence nécessaires pour exceller. »

La bonne nouvelle est que nous remarquons un changement dans les données et que, en 2015, l’ACSA a vu le nombre de nouvelles athlètes féminines de ski acrobatique devancer le nombre de nouveaux athlètes masculins. Bien que cela soit en partie attribuable aux performances incroyables des sœurs Dufour-Lapointe à Sochi, nous sommes aussi d’avis que de simplement prendre le temps de comprendre les besoins socioémotifs et techniques divergents de nos athlètes féminines change bien des choses.

L’équipe canadienne de ski acrobatique travaille avec les disciplines de la ringuette, du soccer et du hockey avec le soutien de l’Association canadienne pour l’avancement des femmes, du sport et de l’activité physique (ACAFS) ainsi que la Fondation olympique canadienne afin de créer une ressource en ligne sur l’entraînement des athlètes féminines, et l’ACSA est fière d’être un chef de file dans la valorisation de la participation des femmes et des filles. Vous trouverez d’autres ressources de l’ACAFS sur le site https://www.caaws.ca/publications-f/jeunes-filles-actives/?lang=fr.

De plus, l’ACAFS a été en mesure de soutenir les camps Girlz partout au Canada le printemps dernier et de nouveau cette année grâce à Sport Canada et au Waterloo Innovation Network. Communiquez avec votre organisme sportif provincial pour trouver un camp WIN Girlz près de chez vous ce printemps!