Ce pèlerinage dans une destination d’aventure dans l’arrière-pays à la fois luxueuse et rustique fut d’une pure euphorie naturelle.

PAR : Mark Kristofic PHOTOGRAPHIE : Paul Morrison

 

Citation :

« It was in Bobcaygeon, I saw the constellations reveal themselves, one star at time. » (Traduction : J’étais à Bobcaygeon, je voyais les constellations se révéler une étoile à la fois.)

– Gord Downie, The Tragically Hip

Lake Louise est sur le parcours de mon pèlerinage annuel dans l’Ouest. J’ai réussi à m’y rendre une ou deux fois par année au cours des 15 dernières années, sauf quand la naissance d’un enfant interrompait mon horaire de voyage. Mais, ce n’est que cet hiver que j’ai découvert l’expérience de ski dans l’arrière-pays surréelle m’attendant à Skoki, à seulement deux petits cols au-delà des bols arrière.

Évidemment, j’avais entendu parler de Skoki Lodge et je savais que c’était l’endroit que le duc et la duchesse de Cambridge avaient choisi comme base dans les Rocheuses pendant leur visite canadienne en 2011. Donc, quand Dan Markham, directeur du marketing de Lake Louise, a fait le commentaire convaincant qu’il était temps de visiter Skoki, j’ai décidé de m’accrocher comme une sangsue à notre équipe de production.

Partant de l’Ontario un dimanche par un temps gris, chaud, humide et plutôt déprimant, je dois dire que le temps chaud et sec de cet endroit dominé par le ciel fut un changement plutôt accueillant et apprécié. Après une petite randonnée en voiture, Calgary se situant à moins de deux heures de Lake Louise, nous étions prêts à partir le matin suivant. En route vers la télécabine Grizzly Express à Lake Louise, Dan nous a expliqué son plan de descendre le versant arrière en ski jusqu’au sentier afin de nous donner un bref aperçu panoramique d’où nous nous dirigions.

Ascension vers la déconnexion

Les lourds sacs ralentissant le rythme pour la première moitié du trajet, j’ai eu l’occasion d’apprécier la beauté envoûtante des Rocheuses albertaines dans une sérénité réfléchissante. Les 5 centimètres de poudreuse donnaient au paysage déjà époustouflant l’effet de couverture blanche impeccable que l’on peut voir sur les cartes postales. Je savais, avant mon départ, qu’il n’y avait pas d’électricité ni de service cellulaire à Skoki Lodge : Je serais complètement déconnecté du monde extérieur. À l’approche de la zone hors-service, l’instinct de glisser la main dans ma poche pour prendre mon téléphone cellulaire a rapidement commencé à s’estomper. La gestion des symptômes de retrait du iPhone par une randonnée en ski tranquille constituait la parfaite première étape de décompression.

L’euphorie de l’arrière-pays

Pour se rendre à Skoki, il faut passer par deux cols. L’ascension pittoresque vers le lac Ptarmigan, qui, en hiver, représente une longue traversée exposée au vent, a été plutôt simple. Les clients quittant Skoki rencontrant leurs homologues s’y rendant pour la nuit, le lac Ptarmigan ressemble à une traversée à aire ouverte interminable, où on peut adopter un rythme intense de compétition faisant grimper les battements de cœur ou opter pour une promenade sereine décontractée où il est possible d’entretenir des conversations. Comme nous n’étions pas pressés, un rythme nous permettant de converser a permis à notre équipe de parler des jours à venir, d’apprécier la beauté de la traversée du lac et de nous rendre à destination relativement facilement, sans une goutte de sueur.

Après être montés vers Skoki, nous avons enlevé nos skis et sommes entrés dans l’auberge. Nous avons immédiatement eu droit à une euphorie olfactive en ouvrant la porte, étant accueillis par du thé, de la soupe et une variété de fromages qui étaient offerts tous les après-midis, parfait pour les clients affamés revenant d’une journée à se promener, à skier et à faire de la raquette sur les nombreux sentiers et cols près de l’auberge.

L’auberge en soi, construit en 1930, est un établissement en bois rond de style Canadiana d’une splendeur incomparable, relevé de chandelles, d’un poêle à bois et de lampes à l’huile procurant une lueur chaleureuse en soirée. L’impossibilité d’aller en ligne ou même de charger un appareil signifie que les invités n’ont d’autre choix que de s’adonner aux arts perdus de la conversation et de la lecture. Évidemment, vu la nature physique des activités autour de l’auberge, il y a aussi la sieste près du feu, qui s’accompagne d’un doux ronflement. Les clients extrovertis racontent leurs histoires de la journée, alors que les introvertis se sentent totalement à l’aise dans leur monde privé, assis avec un livre près du foyer.

L’auberge dégage un rare mélange de luxe et de rusticité d’arrière-pays. Les chambres y sont petites, mais pittoresques. Par chance, les trois hommes au sein de notre équipe se sont vu assigner la Riverside Cabin, où le prince William et Kate ont séjourné en 2011. Le chalet privé situé à seulement quelques pas de l’établissement principal donne aux clients un degré d’intimité accru dans un paradis rustique.

Un festin en terrain boisé

Avant de visiter Skoki, j’avais entendu dire que, en plus de la poudreuse et des randonnées en ski épiques, l’auberge est reconnue pour sa cuisine. Les clients y savourent des repas cuisinés par le même personnel de cuisine que celui qui a servi la royauté il y a 5 ans, et les soupers et déjeuners font autant partie de l’expérience Skoki que les randonnées de ski et les vues spectaculaires. La chef Katie Mitzel se mêle aux clients avant le souper et gagne rapidement leur confiance de par sa personnalité dynamique et sa passion pour la nourriture. Elle commence chaque repas en se présentant au groupe et en décrivant le festin culinaire que son personnel a préparé dans la cuisine alimentée au propane, en plus d’expliquer les détails de préparation du souper et de la provenance des aliments. Après le souper, à mesure que les clients se desserrent la ceinture pour permettre une expansion abdominale optimale, le personnel retire la vaisselle à laver dans l’eau provenant du ruisseau voisin.

Retour à la réalité

Le chemin du retour, de Skoki à Lake Louise, est une expérience légèrement surréelle. En descendant la piste damée sur le versant avant de Lake Louise pour revenir à la civilisation, je ne pensais qu’à une douche chaude et à faire mon lavage. Mon téléphone a vibré en entrant de nouveau dans la zone de service cellulaire, ravivant instantanément l’ancien instinct de mettre la main dans ma poche. Mais cette fois, c’était pour l’éteindre.