Malgré les chutes de neige records enregistrées dans de nombreuses stations de ski la saison dernière, la fabrication de neige est en hausse dans la majeure partie de l’Amérique du Nord. Grâce à une technologie à haut rendement énergétique améliorée, les stations accroissent leur capacité à fabriquer de la neige artificielle afin de compenser les fluctuations dans les précipitations et le changement climatique, ainsi que de maintenir la durée de leur saison.

Personne n’a encore réussi à égaler la station de ski Mt. Abram, dans le Maine, en ce qui a trait à la viabilité : celle-ci a installé plus de 800 panneaux solaires dans son aire de stationnement et investi dans des canons à neige éconergétiques, réduisant ainsi son empreinte électrique de 70 %. Cependant, les stations partout dans le monde font des progrès importants dans la viabilité de leur système de fabrication de neige.

Par exemple, Panorama, en Colombie-Britannique, a investi plus de 1,5 million de dollars cette saison dans l’amélioration de sa technologie de fabrication de neige, a indiqué Steve Paccagnan, chef de la direction. Parmi les améliorations apportées, mentionnons une nouvelle station de pompage, l’augmentation du nombre de dameuses à treuil et des canons à neige de haute technologie. Ironiquement, les importantes chutes de neige naturelle depuis octobre ont fait en sorte que Panorama peut arrêter de fabriquer de la neige trois semaines plus tôt que prévu, soit le 26 janvier.

Bryan Kroker, directeur des pentes de Paccagnan, a quitté Lake Louise pour se joindre à la station de l’autoroute de la poudreuse, en Colombie-Britannique, en août 2016 après une longue carrière dans le domaine de la fabrication de neige, qui a débuté à Nakiska en 2004 et inclut six saisons en Australie. « Je peux assurément dire maintenant que nous sommes à la fine pointe de la technologie en matière de fabrication de neige », affirme Kroker. Contrairement aux générations de systèmes de fabrication de neige précédentes qui gaspillaient une grande quantité d’électricité pour produire de la neige artificielle inutile, nous nous concentrons désormais sur l’efficacité et la fabrication rapide d’une neige de grande qualité. « Il s’agissait auparavant d’une industrie de force brute, avec une pression d’air vraiment élevée et une pression d’eau vraiment élevée, explique Kroker. On obtenait 30 % de neige et 30 % de neige fondante, alors que le reste tombait en eau. » Pour la station, l’aspect « efficacité » de la nouvelle technologie est ce qui importe le plus, mais il en résulte aussi une meilleure neige. Il indique : « On peut maintenant faire de la neige quand le thermomètre mouillé affiche -1,5 oC, la température de l’air ambiant tenant compte aussi de l’humidité. » En plus de pouvoir être utilisés à des températures plus douces, les canons à neige peuvent désormais produire une neige plus pure plus rapidement. « Cela nous permet de mettre les canons en marche vers le 20 octobre et d’ouvrir la station au début de novembre », ajoute Kroker.

Donc, le secret dans l’obtention d’une neige de qualité réside dans la teneur en eau. « Elle contient moins d’eau, est dense et offre une bonne durabilité, décrit Kroker. Nous cherchons à produire une neige résistante aux variations de température, mais tout de même agréable pour les clients, et il ne s’agit pas de fabriquer de la glace. » Pour créer une piste de ski de qualité, il est essentiel d’avoir une bonne base, mais la préparation de la pente est aussi importante. « Nous tentons de renouveler la fabrication de neige en veillant à la distribution d’une profondeur adéquate de neige sur toute la surface, puis à son nivellement. Nous devons retirer tout l’air qu’elle renferme afin de la rendre uniforme. Nous devons ensuite passer la dameuse à deux ou trois reprises avant que les clients ne puissent en jouir. » En saison morte, Kroker et son équipe de fabrication de neige travaillent sur chacun de leur canon à neige dans leur arsenal : « Nous avons des centaines de canons et chacun d’eux est soumis à des tests rigoureux. »

Après avoir préparé les pentes et ouvert la station à la population, l’équipe de fabrication de neige, composée de 30 personnes, s’affaire, durant la saison, à garder la neige en aussi bon état que possible – Kroker, en tant que planchiste passionné lui-même, a des normes élevées en matière de perfection pour les pistes. C’est ici que les dameuses à treuil entrent en jeu, avec des dispositifs d’ancrage de 10 pi de long auxquels sont fixés des câbles robustes, qui sont enfouis dans le sol pendant l’été (Panorama en compte 125). « Nous sommes beaucoup plus efficaces à remettre de la neige où il en faut maintenant que nous avons des dameuses à treuil. Elles nous permettent de travailler sur un manteau neigeux mince et sur des pentes à forte inclinaison, explique Kroker. Nous les utilisons pour tout! Elles permettent de déplacer plus de neige, et ce, avec une meilleure traction. Quand nous travaillons avec une dameuse à treuil, nous n’avons pas à craindre de glisser – chaque fois qu’une dameuse glisse, elle déplace la couverture de neige. Donc, quand il n’y aucun glissement, la neige demeure exactement où on l’a mise. »

En collaboration avec le chef de file dans la fabrication de dameuses, Prinoth, Kroker fait la démonstration des produits à mesure qu’ils sont mis sur le marché. Il précise que la technologie à treuil existe depuis environ trois décennies, mais qu’elle a été raffinée dans les dix dernières années. « Elle est passée d’un mal nécessaire pour les pentes abruptes à ce qu’elle est aujourd’hui, maintenant que nous nous sommes rendu compte de son efficacité. Même sur une piste pour débutants, comme Horseshoe, nous installerons un treuil pour qu’elle soit encore plus attrayante pour les clients », indique-t-il.

Maintenant qu’on peut fabriquer de la neige sur plus de 40 % des pistes dénommées de Panorama, Kroker est toujours à l’affût des nouveautés en matière de fabrication de neige : « Steve voit gros et veut que j’achète toujours ce qu’il y a de meilleur pour Panorama. »

C’est l’efficacité qui compte de nos jours, et celle-ci est facilitée par l’automatisation. « Nos prises d’eau se règlent elles-mêmes selon la température. Si nous voulons une neige de très bonne qualité, nous ne gaspillons pas d’eau en fabriquant de la neige trop sèche ou trop humide. Ce système est relativement nouveau au Canada, ayant fait son apparition dans la dernière décennie, mais il n’a commencé à gagner en popularité qu’au cours des cinq dernières années – nous en sommes à la fine pointe de l’automatisation. Quant à l’économie d’énergie, nous avons terminé trois semaines plus tôt que l’an dernier. »

L’électricité est toujours un enjeu tant sur le plan économique qu’écologique. « Ce qui demande le plus d’électricité dans la fabrication de neige, c’est l’air comprimé, explique Kroker. La majorité de l’énergie nécessaire pour comprimer l’air se transforme en chaleur. Donc, comment réduisons-nous ce coût? Nous cherchons une technologie de canon à neige qui n’exige pas tant d’air comprimé. Nous sommes parvenus à réduire les 100 à 150 pi³ d’air nécessaires à 30 à 50, ce qui a permis de diminuer notre consommation d’énergie de 50 à 75 % par année. Beaucoup de stations font désormais la même chose. »

« Bien que les frais d’investissement soient supérieurs avec la technologie automatisée, les économies à long terme sur le plan de la main-d’œuvre sont énormes », souligne Kroker. Et la neige de qualité supérieure fabriquée à diverses températures protège l’avenir de Panorama contre tout problème de changement climatique potentiel.